Chloe (Bailee Madison), étudiante en criminologie, hérite d'une maison de son père mais n'a pas assez d'argent pour éviter la saisie. Son jeune frère TJ (Anthony Turpel), soutenu par Ross (Chris Lee), l'ex-petit ami de Chloe, propose une solution peu conventionnelle : voler les riches pour payer l'hypothèque. Malheureusement, Ross meurt au cours d'un cambriolage et TJ se retrouve bientôt dans l'embarras, car le téléphone de Ross contient des messages qui l'impliquent dans le crime. C'est alors que Chloé simule sa propre mort, transportée à la morgue où elle compte récupérer le téléphone de Ross pour sauver son frère. Dommage que le médecin légiste (Jerry O'Connell) travaille tard et, surtout, que Chloé ne soit pas la seule cliente de ce macabre établissement à avoir été déclarée morte, alors qu'elle est toujours en vie, grâce à un trafic illégal d'organes qui trouve son origine dans la morgue.

Après un début peu convaincant, tourné avec un certain forcing (la jeune protagoniste ingère une drogue qui provoque un état de "mort apparente" pour entrer à la morgue), Play Dead se poursuit comme un thriller plutôt solide, construit avec un excellent sens du rythme et non dépourvu d'effets spéciaux impressionnants. Ce qui vole la vedette, cependant, c'est l'antagoniste, qui est très convaincant et effrayant, au lieu de la petite fille plus acerbe : Jerry O'Connell donne vie à un coroner très méchant, glaçant dans sa philosophie criminelle inacceptable, comprise - selon un point de vue malade, raciste et fanatique - comme une mission. Père de trois enfants, il poursuit ses activités illégales et sanglantes, convaincu qu'il est dans son bon droit. Comme Jigsaw, il considère que les coupables de crimes - les marginaux, ceux que la société met en marge (peut-être poussés à voler pour survivre) - méritent une punition qui prend des implications infernales. Avec la complicité de la justice (représentée par un shérif corrompu), il maintient en vie les "donneurs forcés" pendant six mois, alimentant ainsi le marché criminel du trafic d'organes. Convaincu qu'il est juste de les prendre aux plus démunis pour les donner aux riches et aux puissants. Play Dead est clairement un film d'horreur et les effets spéciaux, supervisés par l'expert Gary J. Tunnicliffe, parviennent à plusieurs reprises à provoquer une véritable horreur, aussi réaliste soit-elle. En plus de garantir une atmosphère de tension toujours au plus haut niveau (la tentative désespérée d'évasion de Chloé, prisonnière de la morgue et constamment poursuivie par le médecin légiste), le thème politique ne passe pas inaperçu, avec la définition d'un personnage qui pourrait très bien être assimilé à l'un des nombreux médecins nazis actifs dans les camps d'extermination. Lussier fait un excellent travail de réalisateur, réussissant à rendre à l'écran, de la meilleure façon possible, le scénario de Simon Boyes et Adam Mason, deux auteurs qui n'ont pas peur de plonger leur regard dans l'horreur la plus viscérale (au sens le plus strict, et non seulement au sens figuré). Essentiel dans son déroulement, à partir du moment où Chloe rouvre les yeux à la morgue, le film se déroule en temps réel, mais surtout cathartique dans son final applaudi : comment l'étudiante "rebelle" liquide le shérif et le médecin légiste, c'est à voir, mais à une condition : à jeun.