Yakuza 0 est un épisode se déroulant avant les événements dépeints dans Yakuza. Kazuma Kiryu n'a encore que 20 ans ...
Retour à Tokyo.
Comme son nom le suggère, Yakuza 0 constitue un prologue à la série de SEGA. L'intrigue débute le 9 décembre 1988 à Tokyo, la bulle spéculative japonaise est en pleine essor, et Kiryû Kazuma, l'un des personnages centraux de la série, est encore un jeune yakuza de la famille Dojima. Lors d'une simple affaire de recouvrement de dettes, la situation s'envenime et le débiteur est assassiné. Kiryu constitue le bouc émissaire idéal, mais ce dernier va se rebeller afin de laver son honneur, celui des yakuza, et sauver la réputation de son mentor, Shintaro Kazama. La victime possédait un terrain abandonné au plein cœur de Shinjuku, un terrain très convoité par les promoteurs en raison de sa valeur marchande. A qui profite le crime ? Un clan adverse ? Un responsable immobilier ? Ou est-ce une simple bagarre qui a mal tourné ? Pendant ce temps à Osaka, Gorô Majima, le propriétaire d'un cabaret à succès, souhaite intégrer une organisation yakuza. Il est prêt à tout pour satisfaire ses supérieurs, quitte à atteindre le point de non retour. Le langage "fleuri" employé dans le jeu (les textes sont désormais en français !) n'en fait pas une production à mettre dans toutes les mains, sans compter que les combats s'avèrent assez violents. Pour la première fois dans la série, Goro est jouable et dispose de son propre style de combat et de compétences. Le jeu débute à Kamurochô, une réplique de Kabukichô, le quartier le plus chaud de Tokyo, puis continue à Sotenbori (quarter fictif d'Osaka basé sur Dotonbori, déjà visité dans Yakuza 2 et 5). Kazuma, même s'il demeure Yakuza dans l'âme, ne s'en est toujours pris qu'aux méchants et aux délinquants (un peu comme Dexter dans un autre genre ...).
Le système d'expérience a considérablement évolué dans cet épisode, car chaque coup porté à un ennemi vous rapporte de l'argent. On ne manque donc jamais de liquide pour expérimenter les nombreuses activités annexes, mais l'argent peut aussi être échangé dans un arbre de compétence divisé par quatre styles de combats par personnage (ils se débloqueront au cours de la partie). Par exemple, vous pourrez investir dans de nouveaux combos ou augmenter votre barre de santé. De base, Kiryu pourra activer le mode Rush permettant de foncer dans le tas puis une sorte de furie, tandis que Goro se servira de son côté d'une batte de baseball pour rosser ses opposants et pourra même se battre en dansant ! En parallèle de l'histoire principale, un nouveau mode appelé Red Light Raid est disponible , accessible en solo ou via le matchmaking en ligne. Il s'agit essentiellement d'une arène par vagues avec des ennemis de plus en plus agressifs. L'idée est d'offrir un terrain de jeu alternatif où tester vos combos. Le résultat, cependant, est mitigé . S'il fonctionne plutôt bien comme pause entre deux chapitres, le mode manque de variété structurelle qui pourrait le prolonger. Intéressant, mais pas indispensable. Côté jeu en ligne, SEGA continue de faire preuve d'une certaine réticence à innover : la connexion est stable, mais elle manque de fonctionnalités modernes. Pas de salons avancés, pas de matchmaking avancé. C'est certes un ajout fonctionnel, mais il conserve un côté « japonais des années 2010 ».
Une réalisation qui évolue.
Comme à l'accoutumée dans la série Yakuza, vous devez explorer les bas-fonds de grandes villes japonaises, les rues sombres, les clubs douteux, bien sur les classiques magasins, mais aussi aller draguer les hôtesses. Si certaines textures demeurent un brin limité, ce nouvel épisode marque un certain pas en avant depuis son prédécesseur, et l'aspect photo-réaliste des lieux visités et du visage des personnages renforcent encore l'immersion. Plus qu'un simple portage, cette édition pour Switch 2 est une réinterprétation fidèle du titre qui, en 2015, avait remis au goût du jour le nom de Yakuza. La première confirmation majeure apparaît dès les premières phases du jeu : Yakuza 0 tourne à une fréquence stable de 60 images par seconde , aussi bien en jeu que dans les nombreuses cinématiques. Il n'y a pas de baisses notables lors des combats, souvent peuplés de dizaines de PNJ et d'effets de particules, ni lors de l'exploration libre des zones urbaines. La stabilité de l'expérience est quasiment identique en mode stationnaire et portable. Cependant, le passage à 60 fps s'avère être une arme à double tranchant dans les séquences narratives les plus denses. Si la fluidité générale est appréciable, certaines animations, initialement conçues pour les 30 fps classiques, sont d'une fluidité excessive, presque artificielles. Un détail ? Peut-être. Mais pour un titre qui mise autant sur l'expressivité et le rythme cinématographique des dialogues, c'est un choix qui mérite d'être souligné. Côté résolution, la situation est tout aussi solide. En mode dock, la résolution varie entre 1440p et 4K upscalée, avec une optimisation qui, bien que non native à 100 %, offre des images nettes, des textures bien définies et une netteté générale supérieure à celle de la version PS4 originale. Il est probable que la Switch 2 utilise une combinaison d'upscaling et de rendu dynamique, mais le résultat visuel est plus que convaincant. Là où la Director's Cut brille, c'est en mode portable. On sent clairement que la Switch 2 comble enfin le fossé avec les expériences console classiques. La profondeur de champ, l'éclairage nocturne de Kamurocho, les visages des personnages : tout semble maintenir une qualité graphique étonnamment élevée pour un appareil mobile. Il ne fait aucun doute que nous sommes face à la plus belle version de Yakuza 0 jamais jouée sur un écran portable.
Pour occire vos adversaires, vous aurez à votre disposition de nombreuses combinaisons d'attaques, et il sera également utile de se servir des élément du décor comme armes (chaise, table, poubelle, caisse, etc ...) et quand la jauge sera remplie, le personnage passera en mode fièvre, où sa puissance d'action est dévastatrice. Au cours de la partie et comme dans un RPG, le personnage pourra voir sa force, son endurance, et ses techniques de combat s'améliorer. La jouabilité du jeu reste simple, du moins les commandes de base, car les combats peuvent rapidement devenir très technique. Le tout est mis en scène par une bande son du plus bel effet qui contribue à plonger dans l'ambiance. Cette version Director's Cut ne se limite pas à une esthétique soignée. Elle introduit également un tout nouveau doublage anglais , avec des noms connus de la scène vocale comme Matthew Mercer et Yong Yea, ainsi que des sous-titres multilingues. Mais la nouveauté qui change vraiment le rythme de l'expérience est la possibilité de sauvegarder manuellement à tout moment, ce qui évite de chercher des cabines téléphoniques disséminées sur la carte. Un choix qui n'affecte pas la cohérence du gameplay de l'original, mais qui améliore considérablement la qualité de vie des joueurs actuels. Les cinématiques supplémentaires – environ 25 minutes de contenu inédit – enrichissent l'histoire de Majima et approfondissent son arc narratif, déjà considéré comme l'un des plus réussis de la série. Enfin il faudra une vingtaine d'heures pour boucler l'aventure principale et la plupart des missions annexes. Vous pourrez toujours explorer les lieux pour aller parier de l'argent en jeu, tisser votre réseau d'affaires ou effectuer les mini-jeux qui s'avèrent très variés (course de voitures miniatures, bornes d'arcade des anciens classique SEGA, jeu de fléchettes, etc). En explorant le jeu intégralement, vous aurez de quoi y passer plus d'une centaine d'heures. Dommage en revanche que la version physique du jeu se limite à une Game Key Card.

VERDICT
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Yakuza 0 est incontestablement un jeu très exhaustif. Avec cet épisode qui revient aux origines de la série, voici une belle opportunité de découvrir cette saga qui nous plonge dans un Japon des années 80 particulièrement bien recrée, une période d'or où l'argent était roi. Le concept apporte un peu de renouveau à la série, avec notamment une évolution du système de combat et une lecture culturelle où la dérision a bien sa place. L'ambiance s'avère moins pesante que dans le précédent opus, notamment du côté des activités secondaires toujours plus divertissantes. Avec cette version Director's Cut, Sega ne s'est pas contenté de porter Yakuza 0 sur Switch 2 : il a voulu démontrer que la nouvelle console de Nintendo pouvait facilement gérer un monde ouvert urbain, cinématographique et techniquement riche. Et le résultat est positif. La fréquence d'images élevée, la propreté graphique, les améliorations de la qualité de vie et le support multilingue font de ce Director's Cut la meilleure version portable du jeu – et, à certains égards, la plus complète jamais conçue.