Plus de vingt ans se sont écoulés depuis qu'Ulysse ( Ralph Fiennes ) et ses hommes ont quitté Ithaque pour participer à la guerre de Troie. Ulysse a quitté la reine Pénélope ( Juliette Binoche ) et son fils à naître ( Charlie Plummer ), désormais adulte , sans aucune nouvelle de lui. Tout le monde le croit mort, à commencer par son fils, et la seule femme obstinée qui l'attend est Pénélope, toujours aussi séduisante, entourée d'un groupe de fauteurs de troubles qui la veulent comme épouse. Mais un jour, un naufragé âgé, nu et blessé, s'embarque sur l'île, et les choses sur cette île, désormais en désordre au milieu de la barbarie et de la persécution, sont destinées à changer radicalement.

Uberto Pasolini tente de représenter l'œuvre épique d'Homère, l'Odyssée, sorte de suite de l'Iliade, qui relate les exploits de la conquête de Troie, ville fortifiée et apparemment imprenable.  Pour l'occasion, Pasolini réunit le couple inoubliable du Patient anglais de Minghella, et il fait un choix judicieux, notamment grâce à un Ralph Fiennes  en pleine forme physique, musclé et sensuel malgré la fin de la soixantaine. Il n'hésite pas à se montrer nu en gros plan, surtout au début, a l'air débraillé d'un vieux combattant, couvert de plaies, se faisant passer pour un mendiant. Juliette Binoche est une Pénélope digne de ce nom, Charlie Plummer est un Télémaque en colère, presque maléfique, et Marwan Kenzàli est un Antinos presque humain. Claudio Santamaria est l'acteur qu'on attend le moins aux côtés de Ralph Fiennes, mais il est efficace, notamment dans les scènes au coin du feu, qui évoquent la guerre de Troie. Pas de glamour, peu d'effets, si ce n'est le sang qui colle à la peau d'un Fiennes fatigué, vieux et mélancolique, qui joue principalement dans des scènes d'intérieur sombres, comme s'il jouait une pièce de Shakespeare au théâtre, plutôt qu'un poème d'Homère. Malheureusement, l'histoire, à l'exception des deux protagonistes, échoue dans tous les autres aspects et tombe dans un style télévisuel désuet « épée et sandales » rappelant certains épisodes obsolètes de la Bible, où les dialogues embarrassants et modernes sapent toute tentative d'exactitude historique. Un triomphe des dernières tendances en matière de coiffure et de maquillage, particulièrement ridicule lorsqu'il s'agit de guerriers en compétition pour la supposée veuve et le royaume de l'île, maquillés comme des danseurs d'un spectacle du samedi soir. La seule étincelle du film est peut-être celle qui laisse entrevoir une Pénélope désenchantée qui défait son manteau davantage parce qu'aucun prétendant ne lui semble valoir la peine que par respect pour un mari qu'elle peine elle-même à reconnaître et pour lequel elle ne semble plus éprouver qu'une faible affection nostalgique aujourd'hui presque totalement disparue.