![]() Plate-forme : Bande Dessinée Date de sortie : 23 Octobre 2025 Editeur : Développeur : Genre : Bande dessinée Multijoueur : Non Jouable via Internet : Non Test par Nic0078/10 Scénario : Hikari 37 Seconds est une série en trois tomes publiée au Japon aux éditions Shinchosha. Yuma, 23 ans, est assistante d'un mangaka. Elle vit en fauteuil, rêve de devenir auteure, mais son monde semble cousu à la place des autres. Sa mère décide pour elle. Son amie s’approprie ses dessins. Alors Yuma étouffe, jusqu’au jour où elle pousse une porte qu’on ne lui avait jamais ouverte. Adapté du film éponyme, 37 Seconds aborde avec pudeur et force la quête d’autonomie d’une jeune femme empêchée, mais jamais effacée. Dès les premières pages, le volume installe le personnage de Yuma, jeune femme atteinte de paralysie cérébrale, vivant dans un foyer pour personnes en situation de handicap, et aspirant à devenir mangaka. Le titre « 37 seconds » renvoie à l’instant précis où le blocage mental semble rompre pour Yuma. L’histoire la suit dans ses doutes, ses hésitations mais aussi ses petits gestes de rébellion contre le regard des autres et ses propres attentes. La vie de la jeune fille est faite de contraintes : motrices, sociales. Il est question de l’émancipation et l’acceptation de soi dans un monde qui ne s’arrête pas pour vos limitations. Yuma ne cherche pas simplement à « surmonter » son handicap selon les standards de la société, mais plutôt à trouver sa propre voie et à définir ce que pour elle signifie être libre, être artiste. Autour d’elle gravitent des thèmes secondaires essentiels : la représentation, la peur de l’échec, le poids du silence et de l’attente, et enfin la puissance de la création comme moyen de libération. Le récit questionne aussi l’espoir : jusqu’où peut-on rêver quand les obstacles semblent innombrables, et que le « temps », métaphore du titre « 37 seconds » file sans s’arrêter ? Narrativement, le tome 1 est construit de façon subtile et équilibrée. Le rythme n’est pas frénétique : il privilégie les dialogues, les silences, les hésitations, les regards. Kurihara dessine avec beaucoup de finesse les gestes, les regards détournés, les doutes de Yuki. L’ambiance est à la fois légère, via quelques moments d’humour, de complicité au foyer, et très grave dans les moments de solitude, d’introspection, de confrontation avec le regard extérieur. Le saut narratif ne se fait pas via un combat ou un événement spectaculaire, mais via une prise de décision intérieure : l’acceptation de son handicap, l’envie de s’affranchir. Ce faisant, la lecture devient empathique, immersive. L’intérêt de ce tome pour la série est indéniable : il ose mettre en avant un personnage féminin en situation de handicap dans un contexte manga/meta-manga, ce qui est rare. Il ouvre la porte à des réflexions importantes mais les rend lisibles, accessibles. Pour le lecteur, ce volume est aussi une invitation : à voir le manga non seulement comme divertissement, mais comme expression de l’existence. Ce tome 1 remplit donc sa mission : créer un personnage fort, une situation crédible, un désir de changer, et poser les enjeux sans les résoudre dans l’instant. Par contre attention, la thématique secondaire : l’héroïne postule pour devenir mangaka pour un magazine de manga érotique. Elle n’a aucune expérience, et va justement tenter d’y remédier. Il y a donc (et peut-être dans les prochains tomes cela sera plus poussé) des scènes érotiques. L’une d’elle est faite avec beaucoup de réalisme et peut donc heurter la sensibilité. Il faut avouer que le lecteur peut être mal à l’aise durant cette lecture, parce que l'on y ressent une très légère atmosphère viciée, pourtant c’est sans doute légitime, mais c’est particulier à lire. C’est peut-être aussi justement le point fort de cette série, elle n’est pas naïve, et traite sans philtre d’un sujet quand même atypique dans les mangas : le handicap et le sexe. Et on parle de sexe et non d’amour, la nuance a son importance. Le trait sobre et expressif de Yohei Kurihara donne à chaque planche une sincérité brute, sans effet ni détour. Tout est là : le silence des jours, le poids des regards, et la légèreté d’un rire volé. VERDICT-37 Seconds est un récit rare. Un manga à part, intime et profond, qui éveille sans brusquer. |