Nous sommes en 1366. Le général Lee Khan (Feng Tien), fonctionnaire de l'empereur mongol Yuan, a réussi à se procurer la carte de bataille de l'armée rebelle chinoise. Heureusement, les résistants se rendent compte qu'il l'a volée et le coincent dans une auberge locale où se déroule toute l'action. L'auberge du Printemps est tenue par un groupe de femmes (Li Li-Hua, Angela Mao, Hu Chin, Helen Ma), toutes secrètement impliquées dans la rébellion chinoise et redoutables combattantes. Pourront-elles aider les résistants à duper Khan, à éviter sa sœur folle et dangereuse (Feng Hsu) et à récupérer la carte avant que les rebelles ne soient écrasés par l'empereur Yuan ?

Des films comme Les Huit Salopards et Kill Bill n'existeraient pas sans leurs prédécesseurs, et le réalisateur Quentin Tarantino a clairement exprimé son inspiration dans les films d'arts martiaux classiques. Ces films de « kung-fu » ont un style particulier, des pièces de théâtre moralisateur mêlées à la mythologie chinoise, des scènes intimistes dignes d'un spectacle vivant et, bien sûr, ces fantastiques scènes de combat. L'industrie du cinéma a également un nom pour ces films : Wuxia, et le meilleur exemple est le classique et acclamé L'Auberge du Printemps. Tout comme Casablanca peut paraître un peu banal et cliché si l'on oublie que ces clichés sont le fruit de son succès, il en va de même pour ce long métrage : de nombreux clichés devenus incontournables des films de kung-fu nous viennent de ce film. Il est également révolutionnaire par son scénario sur l'égalité des sexes – les principales artistes martiales sont toutes des femmes, dont Li Li-Hua et Angela Mao – et son intrigue classique où les rebelles combattent le méchant gouverneur. Si vous êtes habitué aux films d'arts martiaux, riches en action et en combats, sans intrigue particulière, vous serez agréablement surpris par Le Destin de Lee Khan : il est très bien ficelé et la distribution hétéroclite des personnages qui parcourent l'auberge est divertissante et captivante. Le réalisateur King Hu et le chorégraphe de combat Sammo Hung ont créé un conte moral digne d'une production scénique, à l'exception de ses magnifiques séquences de combat. Les personnages sautent silencieusement des balcons et renversent des tables pour affronter des clients importuns, souvent avec des objets aussi anodins que des baguettes ou un bol de riz. C'est très amusant et ça vaut vraiment le coup d'essayer. Heureusement, Metropolitan Films vient de sortir une version remasterisée 2K, avec un rendu et un son fantastiques. Ce film convient parfaitement aux jeunes spectateurs, même si les préadolescents pourraient être perturbés par les bagarres. Pourtant, comparé à une série télévisée moderne, le film est très anodin et stylisé.