Nous sommes en France au XVIIIème siècle, dans l'auberge de Madeleine et de son mari Jean. Malgré quelques frictions entre elle (terre à terre) et son petit frère amérindien (rêveur et espiègle) né d'une liaison extra-conjugale de son père, la famille vie une vie confortable à la campagne. Un jour tout change lorsqu'une étrange brume s'élève, persistante, rendant les gens malades, les plantes flétries et les animaux morts, et semble planer sur tout le pays. Mais là n'est pas le plus grave, car un intrus débarque à l'auberge, ajoutant au drame. L'histoire s'inspire d'une véritable catastrophe climatique : en 1783, le volcan islandais Laki entra en éruption avec une violence dévastatrice, et jusqu'en février 1784, d'épais nuages de gaz noirs et toxiques continuèrent à se répandre dans l'air. Un vent défavorable allait amener ce tueur silencieux en Europe occidentale, accompagné d'orages spectaculaires et de grêles dévastatrices. Pire que l'éruption de l'Eyjafjallajökull en 2010 en somme, qui avait provoqué la fermeture d'une grande partie des aéroports européens en raison du nuage de cendres présent dans l'atmosphère.

Ken Broeders a déjà prouvé son talent de dessinateur de BD : sa série en trois parties "Une histoire de voleurs et de trolls" chez Drakoo (Driftwereld) a été largement saluée, et les illustrations étaient sublimes. Le Souffle du Diable est une histoire entièrement unitaire cette fois et très facile à suivre. Alors que la panique et le fanatisme religieux se répandent lentement dans le pays, nous suivons l'histoire d'une aubergiste et de son demi-frère. Le titre suggère un livre sombre et satanique, mais il est vraiment fantastique. Grâce à l'imagination débordante et aux cauchemars de Benjamin, Ken Broeders crée une histoire palpitante qui va bien au-delà d'une simple catastrophe climatique. Les illustrations sont une fois de plus exceptionnelles et l'intrigue est véritablement captivante avec un rebondissement fantastique dans l'épilogue.