Nina Six nous entraîne dans le Londres de 1918, où Stella Benson, écrivaine fantasque et poétesse méconnue, s’invente des échappées magiques pour survivre à la grisaille du quotidien. Tandis que la guerre dépeuple les rues et que les femmes endossent les rôles laissés vacants, Stella écrit l’histoire de Sarah Brown, une secrétaire solitaire qui s'implique dans des œuvres caritatives. Lors d'une réunion de comité, elle fait une rencontre fatale : une sorcière. Lorsqu'elle l'invite à séjourner dans sa mystérieuse maison, « Living Alone House », sur une petite île de la Tamise, Sarah se lance dans l'aventure de sa vie avec son fidèle chien, David. La narration alterne habilement entre la biographie d’une autrice en quête d’indépendance et le monde fantasque de son roman Living Alone, publié en 1919.

Ce livre est magique, non pas au sens léger du terme, mais dans le sens où « une sorcière allemande et une sorcière britannique, après un atterrissage d'urgence temporaire sur un nuage (instable), discutent de guerre et de paix la nuit, au milieu d'un bombardement, et se parlent clairement sans se parler », mais aussi dans le sens où « tout est beau et magique quand on vit sur Terre pour la première fois ». C'est aussi spirituel, mordant et pervers. Et de ce fait, il est étonnamment pertinent aujourd'hui, même s'il a été écrit et se déroule il y a plus de cent ans. L'histoire est racontée avec ironie et perspicacité. Sarah découvre sa propre identité dans des circonstances magiques et mystérieuses. J'ai trouvé la lecture de ce roman fantastique. On est plongé dans un monde en proie aux conflits. La lecture de ce roman graphique était très divertissante et passionnante. L'humour et la satire sont également présents. Côté dessin, Nina Six confirme un talent déjà aperçu dans Les Pissenlits : un trait délicat, des couleurs pastel pleines de douceur pour la vie de Stella, et des éclats plus vifs dès qu’on plonge dans l’univers merveilleux des sorcières. L’ensemble respire la légèreté et la poésie, sans jamais édulcorer les ombres de l’époque. La mise en page joue avec les frontières entre réalité et imaginaire, offrant un rythme fluide et élégant.