Catello Palumbo est un vieux fixeur opérant dans une ville sicilienne. Fonctionnaire, homme politique et entrepreneur, il est indifférent aux frontières entre légalité et illégalité. Il a conclu sa carrière par plusieurs années de prison. Après avoir purgé sa peine, il retourne dans sa ville natale. L'accueil de sa famille n'est pas des plus chaleureux ; tout le monde connaît ses péchés et sa nature, y compris une équipe des services secrets chargée de traquer « Matteo », un dangereux chef mafieux en fuite depuis de nombreuses années. En Sicile, au début des années 2000, le capitaine Schiavon compte exploiter les liens du chef mafieux avec Palumbo, ami proche de son père, feu Gaetano, qui était le « parrain du jeune Matteo », pour démasquer le criminel et l'arrêter. 

Le statut de fugitif historique du dernier chef de Cosa Nostra, Matteo Messina Denaro ( Elio Germano ), a été possible grâce à la collusion avec les pouvoirs supérieurs qui ont garanti son impunité pendant des décennies. L'histoire, qui discute librement des actions de la gestion de plusieurs décennies du patron invisible à travers des « pizzini » et des ordres écrits, commence avec la sortie de prison de l'ancien politicien et directeur d'école Catello Palumbo ( Toni Servillo ), un vieux routier des affaires louches et de la corruption qui, contacté par la police, se voit offrir la possibilité de réaliser son propre projet immobilier d'hôtel touristique méchant dans une zone protégée face à une plage, en échange d'un contact avec le patron invisible. Un patron dont le seul talon d'Achille est le souvenir d'un père né en Vénétie et aujourd'hui décédé. Palumbo, le parrain du jeune patron, profite de son lien crucial avec sa figure paternelle pour tenter de gagner l'intimité avec le fugitif, aidé par la tenace policière Rita Mancuso ( Daniela Marra ). Malgré leurs efforts, ce sera un échec car le statut de fugitif du patron sera garanti par sa collusion avec des puissances supérieures déviantes.

Après Sicilian Ghost Story , le duo de réalisateurs Grassadonia/Piazza revient pour raconter les ravages de la coexistence avec la mafia organisée et l'impunité qui prospère grâce à la connivence des pouvoirs supérieurs et corrompus. Cette fois, les deux talentueux réalisateurs adoptent un style grotesque qui donne vie aux facéties d'un Toni Servillo presque aussi en forme que sous la direction de Sorrentino, capable d'esquisser le portrait tragi-comique d'un personnage mesquin mais cultivé, profiteur sordide mais aussi miroir d'une société repliée sur elle-même et penchée vers le pouvoir excessif des gangs. Une caricature sous-jacente qui profite au film et l'entoure de personnages secondaires sensationnels, comme l'épouse monstrueuse et sarcastique de Catello, excellemment interprétée par la talentueuse Betty Pedrazzi , ou la sœur du patron ( Antonia Truppo, fabuleuse). Grassadonia et Piazza adoptent un style narratif différent, peut-être aspirant à celui de Petri , et qui les complète, mais qui n'étouffe ni n'atténue certainement ce fort désir de dénonciation subtile, désormais aussi spirituelle, qui les anime et les motive depuis le début.